Match #02 : Nantes-Nancy : 7-0

Dimanche 14 février 1971, stade Marcel-Saupin – Division 1, 21e journée

Trois nancéiens à terre

Ce match est de très loin le plus tragique qu’ait connu l’ASNL dans son histoire. Après seulement dix minutes, elle a déjà encaissé deux buts dont un contre son camp, mais c’est à la 13e minute (ça ne s’invente pas), que le cauchemar débute véritablement. Deux défenseurs nancéiens, Woltrager et Borgoni, convoitent le même ballon et se télescopent. Un bruit sinistre se fait entendre, puis les deux joueurs s’écroulent en hurlant de douleur. Dans L’Est républicain du lendemain, Michel Laurent écrit : « Le public de Nantes fit aussitôt silence […]. Il avait compris que quelque chose de grave se passait. On a ici le respect du malheur. »

La jambe fracturée de Borgoni offre un affreux spectacle, tandis qu’une hanche de Woltrager est dans un piteux état. Le match est interrompu pendant dix minutes, le temps de placer la jambe d’un Borgoni souffrant le martyr dans un gouttière et d’évacuer les deux joueurs pour les conduire au CHU de Nantes. Wiberg entre alors en jeu (un seul remplacement est autorisé à l’époque) et Nancy reprend donc le match à dix. Une minute plus tard, Krafft, le gardien nancéien, voulant intercepter un centre, télescope un autre Nancéien. Résultat : traumatisme crânien. Un troisième joueur de l’ASNL est conduit à l’hôpital en l’espace de quelques minutes, tandis que l’équipe au chardon se compose désormais de neuf joueurs traumatisés (Druda fera même une crise de nerfs en plein match), dont un joueur de champ dans les buts.

La suite est anecdotique : Nancy rate un penalty, marque un autre but contre son camp puis encaisse encore deux buts avant la mi-temps sifflée sur le score de 5 à 0. En deuxième mi-temps, même si deux autres buts sont inscrits en fin de match, les Nantais lèvent nettement le pied à la demande de leur directeur sportif Robert Budzinski, ancien international dont la carrière avait été brisée par une double fracture tibia-péroné en 1968… Tous les Nantais font d’ailleurs la démonstration d’un magnifique fair-play, à commencer par leur capitaine Henri Michel, plus gentleman que jamais. Quant au président du FCN Louis Fonteneau, il insista pour accompagner les joueurs nancéiens à l’hôpital. Le jeu à la nantaise, c’était beau sur le terrain, mais dans les coulisses aussi !

La fiche technique :

Spect. : 8 499. Arbitre : Jean Bancourt. Buts : Hubert Zénier (3e csc), Paul Courtin (10e), Yves Mariot (32e csc), Erich Maas (34e), Michel Pech (45e sp et 84e), Patrice Kervarrec (86e).

Nantes : Jean-Michel Fouché, Roger Lemerre, Patrice Rio, Bernard Gardon, Gabriel De Michèle, Henri Michel (Patrice Kervarrec 80e), Michel Pech, Bernard Blanchet, Philippe Levavasseur, Paul Courtin, Erich Maas. Entr. : José Arribas.

Nancy : Jean-Paul Krafft [→15e], René Woltrager (Finn Wiberg 14e), Jean-Pierre Borgoni [→14e], Guy Darchicourt, Hubert Zénier, Roland Ehrhardt, Daniel Druda, Eddy Dublin, Vojin Lazarevic, Bernard Lech, Yves Mariot. Entr. : Antoine Redin.

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