Serge Etienne-Verrier, fondateur de l’ASNL
Serge Étienne, un nom peu ou pas connu du grand public et des supporters de l’ASNL. Pourtant, l’homme qui le portait et qui vient de nous quitter a joué un rôle décisif dans la naissance de l’AS Nancy-Lorraine et dans ses premiers développements. Il a été le premier à qui Claude Cuny est venu présenter son projet de relance du football professionnel à Nancy.
Liés par une amitié profonde et durable, les deux hommes avaient la passion commune du football. Ce sport occupait une grande place dans la vie de Serge Étienne. Ballon au pied, il fut certainement l’un des amateurs les plus doués de sa génération. Dans l’équipe de son quartier, Gebhart, qui remporte le championnat des écoles de Nancy en 1947, il est l’auteur de 82 buts sur les 111 marqués par son équipe ! Même chez des enfants, la performance n’est pas banale. Cette efficacité n’est pas due au hasard, Serge Étienne la confirme amplement par la suite, et même dans ses moments de méforme descend rarement sous la barre de la quinzaine de buts officiels. En amateur, Serge Étienne parcourt alors la Lorraine, jouant sous les couleurs de Raon-l’Étape, de Thaon, de Neuves-Maisons et d’Épinal.
Après avoir digéré le renoncement au professionnalisme du FC Nancy en 1964, Claude Cuny invite Serge Étienne, qui relatera ainsi le début de la folle aventure que constitue la création d’un club : « Nous étions au domicile vandopérien de Claude un soir d’octobre 1966. Trois jours auparavant, il m’avait exposé son projet et m’avait demandé si j’étais disposé à le suivre dans son entreprise peu commune. Sans tergiverser, je luis répondis positivement. Pour un footeux comme moi dans l’âme… c’est génial ! Et là, devant moi, sur la table de sa salle à manger, il créa et traça sur plan le futur club professionnel dont il voulait doter Nancy et sa région. Il en prévit méthodiquement et rigoureusement les moindres détails tant dans sa conception que dans son fonctionnement. »
ASNL. Ces quatre lettres allaient désormais être l’objet de toutes leurs pensées et de toutes leurs attentions. La tâche initiale de Serge Étienne consiste à contacter la presse et à faire l’intermédiaire entre Claude Cuny et Michel Laurent, le « monsieur football » de L’Est Républicain. Rapidement membre du conseil d’administration du club, puis membre du comité directeur et du comité de gestion, Serge Étienne abandonne le terrain où il se plaisait à entraîner les amateurs pour devenir un administratif du club. Il fait la liaison entre les cadres techniques et le président. Il coordonne également les travaux et les soumet au comité de gestion pour décision, car ne l’oublions pas : l’ASNL est le fruit d’un travail de tous les instants, non seulement des dirigeants mais à tous les échelons du nouveau club. Serge Étienne a également la charge de tous les problèmes de règlement et de calendriers, de l’organisation des matches amicaux, des déplacements, des questions administratives, des transferts… Il consacre en moyenne 20 heures par jour au club, sans compter les matches du week-end et les déplacements.
Serge Étienne est donc un homme indispensable à l’ASNL, l’homme par qui tout passe. Un bras droit, un homme de confiance qui peut subir également les sautes d’humeur du président Cuny. Mais de cela, Serge Étienne dira seulement : « Vous savez Claude est un type extraordinaire, même dans ses défauts. » Et il fallait du courage et de l’endurance à Serge Étienne pour suivre le rythme de travail endiablé de son président. Sans son travail de l’ombre, l’ASNL aurait peut-être eu plus de mal à naître, à se développer, ou à exister tout simplement.
En novembre 2016, dans le cadre des cinquante ans de l’ASNL, notre association Socios Nancy a organisé une conférence sur la création du club. Serge Etienne et Claude Cuny ont gentiment accepté de l’animer. Chacun d’entre nous garde un souvenir ému de cet après-midi où les fondateurs du club ont partagé leur passion et leur amour de l’ASNL.
Serge Étienne, cofondateur et vice-président du club, n’est plus, mais son nom est à jamais associé à l’histoire de l’ASNL, il nous appartient de faire vivre cette histoire – et donc sa mémoire – et de la transmettre aux futures générations. C’est notre devoir.