les deuxièmes assises du supportérisme
Petite piqûre de rappel… Lors des premières Assises du Supportérisme qui se sont tenues l’année dernière dans les même lieux, la FFF, par la voix de M. Desumer, avait dit publiquement être ouverte au dialogue mais qu’elle n’avait pas en face d’elle une organisation de supporters structurée et représentative. Suite à ces propos, relayés dans la presse par M.Thiriez président de la LFP, nous avons créé le Conseil National des Supporters de Football.
Fort de cette annonce, le CNSF a invité pour cette deuxième édition les instances nationales du football français. En juillet 2014, M. Thiriez nous avait de vive voix répondu qu’il serait présent pour ces Assises. En décembre, nous avons reçu un courrier commun de la LFP et de la FFF qui annulaient leurs venues. Nous avons alors redoublé d’efforts pour être reçu par M. Le Graët, président de la FFF. En janvier, nous avions enfin un rendez vous avec la FFF. L’entrevue ne durera qu’un quart d’heure, M. Le Graët claquant la porte et nous assommant d’un terrible « le dialogue avec les supporters ne nous intéresse pas ! ». L’UCPF, qui est l’organisation professionnelle représentant les clubs de football professionnels, annula à son tour sa venue.
Comment interpréter cette cascade de refus du dialogue ? Les instances nationales voulaient qu’on s’organise, on l’a fait. On veut maintenant dialoguer, elles ne veulent plus… Peut-être que les instances pensaient trouver en face d’elles des individus incapables de réfléchir, d’avoir des idées. Les instances ont fait savoir que le CNSF n’était pas assez représentatif. Certes pour le moment nous sommes 9 associations a y avoir adhérées, mais d’autres vont nous rejoindre. De part notre travail, notre activité, le CNSF est reconnu officiellement comme étant un interlocuteur crédible par le gouvernement et par l’UEFA. Alors qu’en Europe les autres organisations représentatives des supporters ont été soutenu dès leurs créations par leurs fédérations et par leurs ligues, les instances françaises restent sourdes et muettes.
Toujours soucieux de rester positifs dans notre état d’esprit, nous avions quand même prévu un siège à la tribune pour les représentants de ces instances. Ceux-ci sont restés inoccupés toute l’après midi…
C’étaient bien les seuls sièges vides car la salle Monnerville affichait complet ! Près d’une trentaine de clubs professionnels étaient représentés par leurs supporters lors de ces Assises. Un beau succès ! Sans compter la présence de nombreux médias nationaux de la presse écrite ou audio.
Le mot de bienvenue est dit par M. Ronan Dantec, sénateur de la Loire-Atlantique. M. Dantec demande aux instances du football de ne plus ignorer la volonté de dialogue des supporters, et souligne qu’un club de football est partie prenante des dynamiques d’un territoire. M. Dantec insiste sur la diversité du supportérisme et sur l’importance que toutes les familles de supporters s’associent.
M.Thierry Braillard, secrétaire d’Etat aux Sports, ouvre officiellement les Assises en demandant aux instances du football qu’elles dialoguent avec les supporters. Ceux-ci doivent se structurer et devenir des acteurs représentatifs tout en gardant leur identité propre. Les clubs et les supporters doivent se responsabiliser pour structurer le dialogue. Les clubs doivent comprendre également que cela est dans leur intérêt. M. Braillard dit que son ministère travaille sur le dialogue et la prévention, et que sa porte est ouverte. Et si une loi est nécessaire, elle sera portée devant les instances compétentes car rien ne le choque dans cette proposition.
Florian Le Teuff, pour le CNSF, prend alors la parole pour rappeler, si besoin était, que les pouvoirs publics ont joué le jeu alors que les pouvoirs sportifs ont joué un double jeu. Devant le refus de dialogue des instances du football, le CNSF s’est tourné vers le législateur. Florian Le Teuff reprends la chronologie évoquée en début de cet article et termine son intervention par :
« Les citoyens du football c’est nous. Le football durable, c’est nous. »
Pour Supporters Direct Europe, organisme anglais financé par l’UEFA et co organisateur de ces Assises, Antonia Hagemann demande à laisser toutes les portes ouvertes, et à continuer à appeler au dialogue. L’Euro 2016 est une occasion unique pour mettre en place la réforme SLO (Officier de liaison des supporters). (voir table ronde n°2)
Florian Le Teuff, Antonia Hagemann et Thierry Braillard
Table ronde n°1 : les familles du supportérisme unies pour demander le dialogue avec les instances nationales du football
Cette table ronde regroupe les familles du supportérisme français, avec M. Didier Decoupigny qui représente les associations de supporters dites traditionnelles. Président de l’ex Fédération des Associations de Supporters (association qui a existé pendant plus de 30 ans et qui servait de caution aux instances du football), il constate que rien n’a changé, que les chaises des instances sont toujours vides. Romain Gaudin représente l’Association Nationale des Supporters qui regroupe les supporters portés sur l’animation des tribunes. L’ANS ne demande pas à être compris mais écouté et déplore que le ministère de l’Intérieur cherche à les faire taire. M. René Poutet est le président de la future association nationale des supporters handicapés. Il demande aussi aux autorités du football de venir discuter avec les supporters handicapés qui sont ceux que personne ne voit. Luc Arrondel termine le tour de table en tant que représentant de la toute nouvelle association Supporters Actionnaires France qui regroupe les associations portant un projet d’actionnariat populaire et leur sert de plateforme de soutien et de conseils. La conclusion de cette table ronde vient du public :
« si je traite mes clients comme les instances traitent les supporters, je mets la clef sous la porte en 6 mois. »
Table ronde n°2 : implatation de la réforme « Supporter Liaison Officer » en France
Nicolas Hourcade, modérateur de cette table ronde, excuse M. William Gaillard (conseiller spécial du président de l’UEFA) dont une interview au journal Le Parisien est parue le jour des Assises. L’UEFA a rappelé ainsi son soutien à la création d’organisation de représentation des supporters telle que le CNSF. Stuart Dikes, de Supporter Direct, présente le rôle et les fonctions du SLO ainsi que l’article 35 du règlement de l’UEFA sur l’octroi des licences. Les clubs devant participer à une compétition européenne doivent satisfaire à l’obligation d’avoir un SLO et ce depuis 2012. L’UEFA ayant laissé un délai de 4 ans pour se mettre aux normes, il ne reste plus qu’un an aux clubs français pour créer des postes de SLO. Supporter Direct est mandaté par l’UEFA pour accompagner la mise en place de la réforme SLO et invitent les supporters à s’en saisir et à demander son application aux clubs.. Le principal rôle du SLO est d’assurer la médiation entre les supporters et les clubs, ils permettent ainsi l’amélioration du dialogue. Le SLO n’est pas un représentant des supporters mais leur messager auprès du club. Le profil du SLO doit être quelqu’un issu du monde des tribunes car eux seuls ont l’expertise nécessaire. Stuart Dikes nous invite à regarder ce qu’il se passe en Suisse car ils sont un modèle en termes de formation et de professionnalisme du SLO. Jérôme Lambert, SLO du Lausanne-Sport (Suisse), présente son parcours, sa formation, et son travail au quotidien. Il exerce la fonction de SLO à côté de son activité professionnelle. Il a tout d’abord fait comprendre aux supporters qu’il n’était pas un auxiliaire de sécurité. Lausanne-Sport a eu une meilleure image auprès des supporters et il y a eu une diminution des incidents. Pour les supporters cela s’est traduit par la suppression de la fouille, un dispositif sécuritaire proportionné, la création d’un tarif jeune,…. On termine cette table ronde avec une réflexion de Nicolas Hourcade :
« Permettre aux clubs d’avoir une relation apaisée avec les supporters et cesser de les voir comme des clients ou des voyous ».
Table ronde n°3 : vers une loi reconnaissant les supporters pour un football responsable et transparent
Jean-Pierre Clavier, professeur des facultés de droit, présente la proposition de loi relative au supportérisme. Cette proposition s’articule autour de trois axes :
– La modification des articles L. 131-3 et R. 131-3 du Code du Sport pour que les supporters puissent siéger dans les instances nationales
– La création d’un comité des supporters au sein de chaque clubs professionnels
– L’actionnariat populaire par le biais du financement participatif
Autour de la table ronde, Nicolas Dupont-Aignan, député, François de Rugy, député, et Dominique Bailly, sénateur, ont débattu sur cette proposition de loi et en ont noté le bon sens. Ils se sont engagés à soutenir cette proposition de loi. Jean-Pierre Clavier fait la lecture des courriers de Mme Marie-George Buffet et de Mme Valérie Fourneyron qui, retenues par leurs obligations, n’ont pas pu se déplacer. Le 12/02/2015, il est important de noter que Mme Marie-George Buffet interpella le ministre des Sports à l’Assemblée Nationale au sujet de cette loi.
Intervention de Mme Marie-George Buffet à l’Assemblée Nationale :
Nous espérons avoir été le plus complet possible dans ce compte rendu. Celui-ci sera enrichi au cours des prochaines semaines par des diaporamas et des vidéos. Nous vous tiendrons informés de la mise en ligne de ces compléments d’informations. La délégation des Socios Nancy comportait trois personnes qui ont pris part à la bonne tenue de ces Assises.
Revue de presse des Assises du Supportérisme :
http://www.sofoot.com/supporters-les-dirigeants-du-foot-aux-abonnes-absents-196243.html
http://www.lequipe.fr/Football/Actualites/Trois-chaises-vides-face-aux-supporters/535780
http://www.lequipe.fr/Football/Actualites/Une-loi-pour-dribbler-les-instances/535676
http://www.sofoot.com/la-fff-et-la-lfp-boycottent-les-assises-du-supporterisme-196083.html
http://www.humanite.fr/les-supporters-veulent-une-tribune-563279