Le baptême de l’ASNL
Le 19 aout 1967, l’AS Nancy-Lorraine disputa sa première rencontre en match officiel contre l’Association sportive de Béziers aujourd’hui remplacée sur la scéne nationale par l’Avenir sportif Béziers. Ce baptême fut douloureux pour les onze valeureux qui ont revêtu la tunique nancéienne. Ce sont ces premiers pas de l’ASNL que nous voulons vous faire découvrir à travers le compte rendu de l’Est Républicain et notre infographie.
Béziers a salé la note du baptême de Nancy.
On ne peut pas dire que le sort ait été tellement favorable à Nancy-Lorraine pour ses débuts dans la compétition.
Affronter Béziers devant son public est justement redouté par la plupart des équipes de division 2, mais les joueurs nancéiens, assez désappointés lorsque le calendrier est paru, ont relevé rapidement la tête. Après tout, se sont-ils dit, c’est peut-être notre chance de ne pas partir favoris, et, sans doute, Béziers, cinquième du championnat de la saison écoulée, croira-t-il trop en les siennes.
Dans les vestiaires, avant le match, on sentait, chez ces « Marie-Louise », une concentration, un désir de vaincre assez étonnant. Aucun complexe et pas d’optimisme démesuré, seulement une certaine objectivité.
Béziers a été sensiblement affaibli, durant l’intersaison, par les départs de Bessonnard et Donoyan. D’autre part, Nancy a fait montre, durant ses matches de préparation, d’une certaine maturité et d’un courage exemplaire. Les hostilités débutèrent devant 3 700 spectateurs, par un temps clément et sur une excellente pelouse. Hélas, les bonnes dispositions de départ ne suffisent quelquefois pas.
Béziers entama, en effet, la partie à toute allure, encouragé par un public fervent. La défense nancéienne, sur laquelle nous avons pourtant dit tant de bien, s’éteignit à froid, et, sous les attaques incessantes de Brotons, Traba, Salen, elle craqua brusquement par deux fois en dix minutes. Elle concéda d’abord cinq coups francs successifs. Le sixième amena le premier but pour Béziers, Gianella le tira, Kraft repoussa du poing, mais Brotons, posté en franc-tireur, ne laissa aucune chance au portier nancéien.
Pris à froid
Ce premier but, dès le début du match, eut une grande influence sur la suite des événements. Avant que Nancy ait pu se remettre de coup du sort, un une-deux étonnant Traba-Brotons parti du milieu du terrain, pris à contre-pied toute la défense nancéienne, et, malgré une sortie désespérée de Kraft (blessé à la tête, mais peu sérieusement, à cette occasion), Brotons marquait comme à la parade. Ce Brotons, par ses changements de rythme, ses dribles, ses tirs, s’avéra un danger permanent pour Nancy. Un Nancy qui se chercha pendant 20 bonnes minutes avant de devenir dangereux par Schneider qui tira violement, mais au-dessus (20 et 25ème). Gasparini, Redin, tentérent beaucoup mais sans succès. La maturité de Béziers, son sens de la contre-attaque, son organisation en un mot, étaient nettement supérieurs. C’est d’ailleurs sur un de ces contre-attaques que les biterrois devaient inscrire le troisième but, enlevant ses dernières illusions à Nancy. L’arrière Facerias effectua une remarquable montée offensive, trouva Salen qui s’engageait à toute allure dans le trou, et ce dernier, rabattant au centre, tira à ras du poteau, ne laissant aucune chance à Kraft.
Nancy semblait bien mal parti, malgré une bonne volonté évidente. Nullement découragés par les trois buts encaissés au cours de la première, les nancéiens attaquèrent tambour-battant la deuxième période de jeu. Du courage et de la fouge, ils en ont fait preuve à outrance, trop sans doute au gré de M.Helies qui, n’admettant plusieurs interventions de l’arrière droit Tognotti les sanctionna en plusieurs occasions. Cette pression des joueurs nancéiens eut pour effet de semer, en plusieurs occasions, la panique dans l’équipe biterroise qui perdit toute son assurance et son calme devant les assauts des avants lorrains. A la 53ème minute notamment, lorsque Lanini, brûlant la politesse à la défense biterroise, glissa la balle devant les buts, alors que le gardien avait depuis longtemps, quitté sa cage. Il s’en suivit un vent de panique chez les joueurs de l’Hérault qui ne durent qu’à beaucoup de chance et peut-être à un excès de précipitation des lorrains, de garder leur but inviolé.
Cependant, grâce à Bordas et Bretons, qui s’employèrent à calmer le jeu, Béziers reprit le plus souvent le contrôle des opérations. Ses attaques, menées avec plus de clairvoyance, permirent de mettre en vedette Kraft qui, en deux occasions, réussit un bel arrêt. A la 75ème, cependant, sur un coup franc à 25 mètres des buts nancéiens, Bretons allait réussir son troisième but personnel, le plus beau sans doute, car c’est d’une reprise de volée magnifique qu’il logea « dans la lucarne » la balle que lui avait renvoyé le mur.
4-0 Le score était lourd, trop lourd pour les nancéiens qui, tout au long de la partie, et surtout en seconde mi-temps, firent preuve de courage et de ténacité.
Il semble pourtant que cela ne suffise pas et qu’il manque à cette équipe un attaquant qui sache organiser et diriger le jeu de ses jeunes partenaires. Quoiqu’il en soit, elle ne rencontrera pas toujours, heureusement pour elle, des adversaires de la classe de Béziers.
Meilleurs joueurs : à Nancy : Schneider, Kraft, Lanini et Redin ; à Béziers : Brotons, Bordas, Haddi, Iché.
3 772 spectateurs pour 14 370 Frs de recette.
Béziers : Iché, Lavagne, Facerias, Cuxac, Daures, Haddi, Salen, Brotons, Gianella, Bordas et Trava.
Nancy : Kraft, Tognotti, Redin, Woltrager, Kuba, Gasparini, Massucci (remplaçant), Formica, Schneider, G.Pleimelding, Lanini, et Braun.
Jacques Murgue (Est Républicain)
Infographie de la composition de l’ASNL
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