Une histoire locale
On dit souvent que l’histoire écrit le présent. Cela se vérifie encore une fois. La naissance, l’histoire de notre club nous rappellent que l’ASNL c’est le club de tous. Le Président fondateur, Claude Cuny, a entièrement redéfini les bases d’un club de football professionnel tirant les leçons de l’échec du FC Nancy deux ans plutôt. Parmi ses nombreuses innovations, et s’il ne fallait en retenir qu’une, Claude Cuny a décidé que les supporters seraient au cœur de cette nouvelle organisation. Ainsi, dans le numéro 1 du Chardon rouge paru le dimanche 9 janvier 1972 est publié l’article ci-dessous. Plus de quarante ans après, cette même philosophie nous habite encore et toujours. Notre projet est de transposer cette philosophie dans notre époque contemporaine.
Le Chardon rouge, n° 1 (09/01/1972)
La vraie force d’un club
A suivre la progression rationnelle de l’AS Nancy Lorraine n’importe qui pourrait observer que les dirigeants nancéiens procèdent avec méthode. Ce serait un compliment mais aussi en quelque sorte une erreur de jugement. La méthode quand elle est appliquée avec méthode devient de la planification et à l’ASNL on planifie.
Une analyse critique
Le premier plan quinquennal est sur le point de s’achever, déjà le président Cuny et ses adjoints préparent le second. Là encore ils agissent avec méthode : analyse critique des cinq ans écoulés, constat de la situation actuelle, détermination de l’objectif du prochain plan et enfin établissement de ce plan.
L’objectif est atteint
L’objectif d’abord. Fixé voici cinq ans il est atteint, comme ses étapes l’on été, avec une impressionnante régularité. Nous ne connaissons pas dans le sport d’exemple comparable, de performances annoncées et tenues sur une aussi longue tranche de temps surtout en partant de rien. Les structures matérielles ont été réalisées en Forêt de Haye, elles sont en voie de réalisation à Ludres. Là encore, et ce n’est pas le moins important, l’objectif est atteint avec précision.
Voyons les moyens. L’ASNL a pris appui sur les collectivités, sur le commerce et l’industrie, sur l’adhésion populaire de toute une région. Elle a pour principe premier d’être le club de tous. Ce club ne puise sa raison d’être, sa vigueur, son influence et sa puissance que dans le soutien du nombre. Pour continuer sa progression il doit sans cesse étayer ses bases. Or il faut bien le constater, à ce niveau seulement on enregistre une stagnation. La participation réelle reste la même. On pourrait croire qu’elle figure la limite si l’on s’arrêtait à cette simple constatation. Pourtant à l’examen on remarque qu’il existe environ un tiers de « membres flottants ». Ces membres adhérents, s’ils ne renouvellent pas, sont remplacés par d’autres aussi nombreux, aussi instables suivant les circonstances ou au gré des sollicitations.
Quatre façons d’être supporter
On décèle en fait quatre catégories de gens qui sont directement ou indirectement concernés par l’ASNL :
1er Les adhérents qui ont compris l’idée de l’ASNL, qui sont imprégnés de l’esprit « club de tous », qui sont les animateurs de l’assemblée générale laquelle ne l’oublions pas est souveraine et conditionne la vie du club. Ceux-là, fidèles depuis le début, sont de véritables associés.
2ème Les sympathisants qui par leur contribution en espèces manifestent leur attachement au club sans vouloir ni pouvoir y prendre une part active.
3ème Un grand nombre de notables, de commerçants et d’industriels qui ont besoin que cette ville, cette région, et leurs habitants soient dynamiques et l’extériorisent. L’ASNL constitue à l’heure actuelle un des plus efficaces agent de promotion de la Lorraine et de Nancy.
4ème Enfin et surtout les spectateurs. Pour l’instant la plupart se considèrent seulement comme des clients. Il y a actuellement sept mille adhérents à l’ASNL. Pour de diverses raisons énoncées plus haut la moitié tout au plus assiste aux matchs.
Il faut bien jouer le jeu
Compte tenu de l’esprit dans lequel a été créée l’ASNL et dans lequel elle s’efforce de continuer, compte tenu de la confiance réciproque qui doit mêler public, dirigeants et joueurs il y a, disons –le tout net, des gens qui ne jouent pas le jeu. Des gens qui se sont rangés volontairement ou non dans le camp des non-payeurs. Pour certains il ne s’agit que des négligences, pour d’autres d’économie, pour quelques-uns de principe parce qu’ils en sont restés à des conceptions périmées du club professionnel. Il est de fait en tout cas que ces gens profitent du travail des autres. C’est d’autant plus anormal qu’ils approuvent dans l’ensemble ce qui est entrepris. C’est en somme de la resquille, de la petite resquille. Semblable mesquinerie ne résiste pas à une honnête prise de conscience. Nul qui ne peut contester ni respect des engagements pris ni les objectifs atteints et qui prétend aimer le football de haut niveau, ne doit laisser l’AS Nancy Lorraine se débrouiller de tout. Agir ainsi est selon une forme d’abdication.
Une seule étape a été franchie
Ceux-là cependant sont plus nombreux que ne l’avait escompté Claude Cuny. Le président nancéien mesure aujourd’hui qu’il ne peut refaire le monde et qu’il a placé peut-être trop haut son idée du comportement des individus. C’est pourquoi à l’avenir, il entend différencier ceux qui participent même avec les plus humbles moyens et ceux qui regardent. Il s’est attelé à la tâche et travaille à établir ce distinguo. C’est indispensable pour connaitre d’une manière approfondie les véritables ressources et forces du club, c’est nécessaire pour jeter les bases du second plan quinquennal de l’ASNL.
Car le club nancéien n’a pas encore touché le port. Il n’a franchi qu’une étape en créant une équipe professionnelle et en l’amenant parmi l’élite nationale. Son prochain objectif est de hisser cette équipe au niveau européen. A cette échelle Nancy ne se situe qu’en seconde division. Pour gravir ce nouveau palier l’effort à accomplir est considérable.
Imaginons qu’il s’agit en partant de rien et en quelques années de rivaliser avec des clubs dont le renom s’étend à tout le continent et qui ont un demi-siècle parfois plus d’expérience. Ceci ne se réalisera pas avec des paroles mais avec des actes. La réforme des structures entreprise par le président Cuny et qui a pour but essentiel d’affermir les bases du club peut être considérée comme le premier de ce nouveau bond en avant.